L’Union des Églises évangéliques libres de France est née en 1849. Avant de caractériser l’originalité de cette création, et pour la comprendre, il faut rappeler le contexte historique immédiat.

Préalablement, il convient même de souligner que si la constitution de l’Union a paru nécessaire à ses fondateurs, ils n’avaient pas plus que nous la prétention de construire ex nihilo. Tout en nous rattachant au Christ chef de l’Église, et aux apôtres (Eph 2.20-22), nous sommes également conscients de notre héritage historique.

C’est par l’Église de Dieu que la vérité nous a été transmise, et notre dette est grande à l’égard des chrétiens des siècles passés. Nous avons une particulière reconnaissance pour l’Église ancienne qui a défini sa foi dans les grands conciles des 4e et 5e siècles (Nicée, Constantinople, Ephèse, Chalcédoine), ainsi que pour la Réforme qui a remis en honneur les grandes vérités du salut.

Si l’Église-institution n’a pas toujours été, loin de là, l’Église de Dieu, nous confessons que jamais le Seigneur n’a manqué de témoins.

On situe bien la spécificité des Églises libres en comprenant en quoi elles sont héritières de la Réforme, et en quoi elles s’en distinguent.

La Réforme

La Réforme avait remis à l’honneur l’autorité de l’Écriture et proclamé le salut par la foi en Jésus-Christ. Mais, au début du 19e siècle, le protestantisme avait évolué dans deux directions, la première orthodoxe, la seconde libérale.

L’orthodoxie était figée, sans vie, et le libéralisme fortement marqué par la philosophie du Siècle des Lumières. Les deux se rejoignaient dans une prédication moralisante. Le protestantisme, devenu une religion officielle depuis que Bonaparte avait imposé le Concordat en 1802, était également devenu une religion formaliste.

Cette loi du 18 germinal an X donnait aux protestants une place dans la Nation, ce dont ils étaient heureux après des années de persécutions, mais elle bouleversait leur organisation traditionnelle en supprimant, de fait, la paroisse et les synodes, et en faisant des pasteurs des fonctionnaires.

Le Réveil

Un « Réveil » de la foi se propage au début du 19e siècle à partir de Genève. C’est un renouveau doctrinal et spirituel qui plonge ses racines dans les milieux moraves et méthodistes. Ce Réveil réaffirme les grandes vérités évangéliques mises en lumière par la Réforme : divinité du Christ, inspiration des Écritures, salut par la foi en l’oeuvre rédemptrice du Christ, etc. Il insiste cependant sur un point particulier : la nécessité d’une foi personnelle.

Cette prédication est accueillie diversement dans l’Église réformée. Mais, fait nouveau, les « missionnaires » du Réveil entreprennent d’évangéliser les milieux catholiques, et cela avec certains succès. Notons enfin, qu’un courant du Réveil milite pour la séparation de l’Église et de l’Etat, ce qui provoque une longue polémique dans le protestantisme.

En définitive, le réveil du protestantisme, c’est aussi son éclatement. Entre 1820 et 1848 apparaissent à côté des Luthériens et des Réformés (eux-mêmes divisés en orthodoxes et libéraux), des communautés indépendantes qui se veulent des Églises de professants, vivant en marge du Concordat, et se réclamant du Réveil.

Dans le bouillonnement général qui suit la Révolution de 1848, une assemblée générale du protestantisme réformé se réunit pour proposer une modification du Concordat. Les discussions préparatoires, qui touchaient la question de la séparation de l’Église et de l’État, sont rendues caduques puisque le gouvernement reconduit le Concordat.

C’est finalement sur la nécessité d’une base doctrinale pour l’Église réformée que l’essentiel du débat se porte. Les libéraux ne veulent aucune confession de foi, les orthodoxes en désirent une, mais pas au prix d’une division de l’Église.

Seuls quelques hommes dont Frédéric Monod, pasteur à Paris, et Agénor de Gasparin, soutiennent qu’il faut confesser sa foi même si l’unité doit en pâtir. L’assemblée refusant de trancher, ils démissionnent et appellent ceux qui croient que l’Église doit confesser clairement sa foi, à les rejoindre. Frédéric Monod voit son espérance déçue car c’est une toute petite minorité qui le suit ; il se trouve dans l’incapacité de constituer une Église réformée évangélique.

Les Réformés démissionnaires sont alors rejoints par des Églises indépendantes et des postes d’évangélisation ; c’est cette alliance qui donne naissance à l’Union des Églises évangéliques de France. Le Synode constituant se termina le 1er septembre 1849.

Ces deux courants, en s’unissant, donnaient naissance à une confluence théologiquement nouvelle puisqu’elle unissait l’Église confessante et l’Église de professants. Ce rapprochement fécond, constitué providentiellement, les Églises évangéliques libres entendent toujours le mettre en valeur.

Relations actuelles

Depuis 1996, l’Union des Églises évangéliques libres de France est de nouveau membre de la Fédération Protestante de France (à l’origine de la FPF en 1905, l’Union s’en était retirée en 1963. Depuis 2011, elle est membre associé du Conseil National des Évangéliques de France (CNEF).

Notons enfin que l’Union des Églises évangéliques libres de France est reconnaissante d’être associée aux Églises évangéliques libres dans le monde par l’intermédiaire de la Fédération internationale des Églises évangéliques libres (IFFEC).

Source : « Rappel historique », Petit classeur blanc de l’UEEL, 2e éd. mars 2009, pp. 5-7.

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